Quel est l'apport concret de l’outil numérique du projet AI Assistant, Lauréat des Trophées du Digital Learning 2025 ?

Nathalie Hector : Le projet AI Assistant de SKEMA Business School apporte une réelle valeur ajoutée en intégrant de manière éthique, personnalisée et stratégique l’intelligence artificielle dans l’environnement d’apprentissage. Contrairement aux approches centrées sur la transmission descendante du savoir, l’AI Assistant favorise un apprentissage actif, autonome et réflexif, aligné sur les attentes des étudiants d’aujourd’hui. Grâce à des modules comme Learning Tutor, l’outil propose des fonctionnalités concrètes telles que la clarification de concepts, la génération de résumés à partir de contenus validés par les enseignants, ou encore des quiz personnalisés, offrant ainsi un accompagnement individualisé et continu. Cette approche valorise une pédagogie de la co-intelligence : les étudiants ne consomment plus simplement l’information, ils interagissent avec elle, la manipulent, la questionnent. L’outil devient donc une salle de sport intellectuelle, dans laquelle les étudiants s'entraînent à développer leur pensée critique et leur capacité d’analyse. Cela permet également aux professeurs d’utiliser le temps du cours pour engager davantage les étudiantes et étudiants dans des discussions, des débats. En parallèle, l’élaboration d’une charte d’usage de l’IA et d’un référentiel de compétences transversales en IA responsable à Business School accompagne les étudiants dans leur appropriation responsable et éthique de ces technologies. Ce projet illustre ainsi une mutation pédagogique majeure : celle d’un enseignement centré sur l’étudiant, nourri par la technologie, mais ancré dans une démarche éducative exigeante et humaniste.

Le module « Learning Tutor » permet de renforcer l’autonomie et la personnalisation des apprentissages chez vos étudiants…

Nathalie Hector : Le module Learning Tutor joue un rôle clé dans le développement de l’autonomie et de la personnalisation des apprentissages des étudiants, en leur procurant des outils concrets pour mieux s’approprier les contenus pédagogiques. Grâce à la génération automatique de quiz, les étudiants peuvent s’entraîner de manière ciblée, en fonction de leurs besoins spécifiques, de leur rythme d’apprentissage, ou des thématiques qu’ils souhaitent approfondir. Cela encourage une posture proactive, où l’étudiant devient acteur de sa progression. De plus, la fonctionnalité de résumé à partir de ressources pédagogiques mises en ligne et validées par les professeurs – cours, articles, vidéos – permet de faciliter la compréhension de documents parfois complexes ou denses. Cela offre une réponse efficace aux difficultés liées à la surcharge informationnelle ou au manque de repères face à des ressources dont toutes ne pas toujours explorées en classe. Pour compléter ces résumés, les étudiants ont également la possibilité de converser directement avec le Learning Tutor pour approfondir les éléments abordés, permettant ainsi un échange constructif, à l’image d’une conversation avec un professeur. En résumé, ces fonctionnalités créent un environnement d’apprentissage flexible et adaptatif, qui respecte la diversité des profils étudiants et les aide à développer des compétences clés : synthèse, autoévaluation, organisation du travail. Elles renforcent ainsi l’efficacité de l’apprentissage tout en préparant les étudiants à une utilisation critique et autonome de l’IA dans leur parcours académique et professionnel.

En quoi l’intégration de votre solution digitale au LMS K2 améliore-t-elle l’expérience et l’engagement des étudiants ?

Nathalie Hector : L’intégration du module Learning Tutor directement dans la plateforme LMS K2 de SKEMA permet aux étudiants de retrouver leurs outils d’IA dans un espace déjà familier, évitant ainsi les ruptures de parcours liées à l’usage de plateformes externes. Cela renforce la cohérence de l’écosystème pédagogique et facilite l’adoption de la solution par les utilisateurs, qu’il s’agisse d’étudiants ou d’enseignants. Ensuite, cette intégration favorise une fluidité d’usage : le Learning Tutor reprend les ressources du cours disponibles sur K2, ce qui permet une utilisation immédiate et contextualisée des fonctionnalités comme le résumé de documents ou la création de quiz. Les étudiants gagnent ainsi en efficacité et en autonomie, sans avoir à importer ou reformater les contenus. Ce lien direct entre les ressources du cours et les outils d’IA stimule également un engagement actif, car les étudiants peuvent s’exercer, réviser ou approfondir un concept à tout moment, en lien direct avec le programme d’études, et accéder aux ressources complémentaires. Enfin, en centralisant les outils sur une même plateforme, SKEMA garantit une accessibilité équitable à tous, tout en respectant les normes RGPD, ce qui renforce la confiance dans l’usage du numérique pour apprendre.

Quels enseignements tirez-vous de l’amélioration continue d’AI Assistant fondée sur les retours des étudiants ? 

Nathalie Hector : La démarche évolutive du projet AI Assistant, fondée sur une écoute attentive des étudiants via des focus groupes, sondages et retours d’usage, a permis de transformer un outil technologique en véritable partenaire pédagogique. Le premier enseignement majeur tient à la pertinence des retours étudiants pour affiner les fonctionnalités. Par exemple, les usages réels ont parfois divergé des hypothèses initiales, incitant l’équipe à ajuster les priorités – notamment en renforçant la fonction de génération de quiz ou en optimisant l’expérience de conversation avec l’IA pour approfondir les apprentissages. Cette collaboration a révélé également une attente forte de personnalisation. Les étudiants ne cherchent pas seulement des réponses automatiques, mais des outils qui les aident à structurer leur pensée, à réviser efficacement et à s’adapter à leurs objectifs académiques spécifiques. Certains ont d’ailleurs proposé des évolutions pertinentes (fiches de révision, synthèses thématiques, génération de plan de révision), montrant un haut niveau d’appropriation de l’outil. La démarche a renforcé la posture d’apprentissage actif, où l’IA est perçue comme un levier de réflexion, d’analyse et de créativité. Cette co-construction entre l’école et les étudiants pose les bases d’une pédagogie de co-construction centrée sur l’engagement, l’autonomie et l’innovation partagée.

Ces outils digitaux, parmi lesquels « Career Coach » seront-ils durablement intégrés dans la stratégie pédagogique de SKEMA ?

Nathalie Hector : L’ambition n’est pas seulement de soutenir les apprentissages en cours, mais de créer un environnement d’apprentissage global, où chaque étudiant peut bénéficier d’un accompagnement personnalisé à toutes les étapes de son parcours académique et professionnel. L’intégration prochaine de modules tels que Career Coach ou Program Advisor va dans ce sens, en élargissant l’impact de l’IA au-delà des salles de classe, vers l’orientation, la professionnalisation et le développement de compétences transversales. Ces outils joueront un rôle croissant dans l’opérationnalisation de l’approche par compétences (APC) portée par l’école, en aidant les étudiants à identifier leurs acquis, à cibler leurs axes de progression, et à articuler leurs choix de formation avec leurs projets professionnels. Par ailleurs, en facilitant l’onboarding, la préparation aux entretiens ou encore le développement de l’esprit entrepreneurial, l’AI Assistant soutient une pédagogie augmentée, connectée aux réalités du marché. L’IA devient ainsi un levier pour renforcer l’expérience étudiante, mais aussi pour incarner une vision pédagogique innovante, éthique et résolument tournée vers l’avenir.

Florent Grisaud-Verrier, membre du Jury des Trophées du Digital Learning 2025